Le marché à venir après le soutien à Javier Milei : ce que recherchent les acheteurs et quels types de biens vont dominer les ventes
Le résultat électoral et la baisse du dollar ont relancé les demandes dans les agences immobilières. Les acteurs du secteur analysent quels segments se mobiliseront davantage.
La « boule de cristal » du marché immobilier reflète des attentes renouvelées : le soutien politique et la baisse du dollar stimulent la reprise des demandes, des visites et des transactions qui étaient en suspens. Tout indique que la demande va se consolider si le dollar continue de céder et reste sous le seuil de la bande de flottation.
Les responsables du secteur sont unanimes pour dire que le nouveau contexte ouvre une fenêtre d’opportunité, tant pour ceux qui cherchent à investir que pour ceux qui projettent d’acheter leur première résidence, surtout dans cette phase de redécollage. Selon les données des Colegios de Escribanos de la CABA (Ville de Buenos Aires) et de la Province, plus de 21 000 transactions ont été confirmées.
Oscar Puebla, architecte, courtier et directeur de Puebla Inmobiliaria, interprète le moment comme un point d’inflexion. « Les valeurs d’aujourd’hui paraîtront ridicules dans quelques années », affirme-t-il. « Le marché ne s’est pas arrêté ces derniers mois, et maintenant tout indique que la demande va se confirmer. Le dollar baisse, et la pierre reste un refuge tangible et sûr. » Pour lui, le marché argentin — naturellement dollarisé et habitué à l’incertitude — réagit immédiatement à tout signe de stabilité. « La pierre gagne toujours quand le dollar se calme. L’Argentin fait confiance au tangible, à ce qu’il peut voir et toucher. » Il souligne aussi que les immeubles neufs en construction représentent le « plancher » du marché futur. Il invite à comparer les valeurs du mètre carré dans les pays voisins : souvent bien plus élevées qu’en Argentine. Le potentiel d’investissement y est indéniable.
Un réajustement rapide
L’architecte et ingénieure civile Mariana Stange, directrice de Mariana Stange Real Estate, perçoit aussi un réalignement immédiat. Selon elle, avec les annonces récentes, on peut attendre une baisse du dollar et un impact favorable sur les marchés générant une réaction immédiate dans le secteur immobilier. Pour elle, la pierre redevient un refuge face à la volatilité. « Dès qu’il y a plus de stabilité, les décisions d’achat et de location s’accélèrent. Nous anticipons plus de demandes, plus de visites, et surtout un retour des investisseurs cherchant à protéger leur capital dans des actifs tangibles. »
Dans les mois à venir, la reprise sera toutefois sélective. « On verra des mouvements dans des segments bien situés et dans des projets mixtes intégrant des espaces adaptés au travail hybride. Les projets qui priorisent le bien-être, l’efficience et la durabilité seront les premiers à se dynamiser », explique-t-elle.
Elle attire également l’attention sur le rôle du crédit hypothécaire, qui pourrait élargir l’accès au logement. « C’est le grand levier pour dynamiser le marché ; mais pour cela, il faut des règles claires, de la stabilité et des produits financiers qui protègent l’emprunteur. Si des signaux concrets apparaissent dans le système bancaire, la demande pourrait se multiplier. »
Avec optimisme, Stange conclut : « Le marché immobilier argentin est prêt pour une tendance positive. Notre secteur s’est professionnalisé et est prêt à montrer tout son potentiel. »

Types de propriétés en tête des ventes
Dans ce nouveau contexte post-électoral, les biens qui se vendront le plus seront les appartements jusqu’à trois pièces dans l’aire métropolitaine de Buenos Aires (AMBA), avec des valeurs autour de 120 000 USD, ainsi que les “PH” (habitations collectives sans copropriété d’immeuble) dans la même gamme ou en dessous, souvent recherchés pour échapper aux charges de copropriété, ou achetés pour être rénovés et revendus.
Dans le segment premium, ce sont les biens de plus de quatre pièces, à partir de 300 000 USD, qui devraient gagner du terrain. Les professionnels soulignent également le retour des investisseurs étrangers, attirés par des prix bien moindres comparés à ceux de grandes capitales comme Madrid ou Paris.
Regards depuis l’intérieur du pays
Juan Pablo Baca, fondateur de Red Tu Inmobiliaria, voit dans le résultat électoral un déclencheur pour les acheteurs disposant d’économies en dollars. « Le panorama est plus clair, le dollar est, en termes réels, en baisse, ce qui décourage de garder des billets inactifs », explique-t-il. Il prévoit une hausse des prix des biens anciens à Buenos Aires, mais une dynamique différente dans l’intérieur, où l’offre dépasse encore la demande dans certaines régions. En revanche, selon lui, l’année prochaine, les crédits redeviennent centraux dès que la macroéconomie se stabilise.
Il identifie des opportunités claires : les appartements dans les quartiers périphériques des secteurs les plus consolidés offriront les meilleures rentabilités et perspectives de valorisation future. À Buenos Aires, par exemple, Almagro pourrait suivre un parcours similaire à celui de Palermo. En Córdoba, le quartier Alberdi pourrait reproduire la valorisation enregistrée par Nueva Córdoba. « Le Real Estate nous donne une seconde chance. Il est temps d’en profiter. »

Scénario global
Le marché immobilier argentin traverse un tournant. Les prix actuels, longtemps stables (à Buenos Aires, le m² tourne autour de 2400 USD), pourraient amorcer un cycle de reprise stimulé par la prévisibilité et la baisse du dollar. Dans ce contexte, les premiers à agir seront ceux qui opèrent avec des dollars propres. Le défi pour les prochains mois sera d’ajouter des mécanismes de financement qui élargissent la base d’acheteurs et bénéficient à la relance.
Stange conclut : « C’est la confiance qui sera le moteur du nouveau cycle. Si la stabilité se consolide, la pierre redeviendra l’investissement préféré des Argentins. »


